Michel Voiturier* a consacré un article dans Le Non-Dit n° 97 à ma "Lettre aux femmes et hommes politiques":
Hommes politiques : attention
danger de mort démocratique
par Michel Voiturier
Lucien Putz (Arlon, 1950) rejoint la
cohorte des Indignés. À l’heure où s’annoncent les élections
communales et provinciales de 2012, il lance un petit livre d’une
cinquantaine de pages pour crier son besoin d’une réorientation de
la politique.
Il traduit avec des mots simples, des
mots forts le sentiment de beaucoup de citoyens d’être dépossédés
de la démocratie. Son parti pris d’oralité donne une force
particulière aux phrases. Celles-ci ne s’alignent pas comme dans
la prose habituelle. Elles sont coupées, à la façon des vers
libres et acquièrent de la sorte un rythme scandé.
Comme Putz joue avec des répétitions,
des reprises, ses propos prennent le chemin d’une sorte
d’incantation, de litanie musicale. La persuasion naît en partie
de ces réitérations soit dans les mots, soit dans la structure
syntaxique sous forme de questionnement ou d’énumérations, par
exemple. Et, puisque c’est d’abord un livre, la typographie vient
ajouter un impact visuel à celui des idées : usage périodique
des italiques ou de caractères gras, syntagmes en capitales…
Mais la forme n’est que l’emballage.
Le fond, lui, importe avant tout. Notre pamphlétaire s’adresse
donc à nos élus. Il leur rappelle la confiance qui fut mise sur
eux. Il dit sa colère de voir que la démocratie n’est pas ce
qu’il (et nous aussi) espérait.
Il en esquisse les étapes historiques.
Il décrit les manœuvres pour former des gouvernements. Il comprend
la nécessité de tenir compte du réel au détriment de l’utopie.
Mais il a du mal à admettre comment s’est instauré un système
inéquitable alors qu’on cherchait à mettre en commun. Au moyen de
l’Europe, notamment.
Ce qu’il n’arrive plus à
comprendre (et nous aussi) c’est que les décisions politiques
finissent par se prendre par des commissions alors que le parlement
européen s’y était auparavant opposé. Et de s’interroger alors
sur la loi qui a remplacé la loi divine : celle du marché.
Bonne à l’origine mais dévoyée désormais au profit des profits.
Après avoir admis que le bien
collectif doit passer avant les libertés individuelles, il ne
parvient pas à agréer que la finalité de pas mal de décrets, dès
qu’ils sont liés à l’économique, finissent par favoriser la
spéculation, la finance internationale sacrifiant tout sous prétexte
du prétendu pouvoir de l’offre et de la demande. En finale, c’est
bien de ce dévoiement dont il est question. Et c’est cela que Putz
envoie aux élus, actuels et futurs : comment s’y opposer ?
comment si on n’y parvient pas éviter un soulèvement
contestataire de plus en plus prévisible ?
(*) Ex-professeur au Zaïre et en Hainaut, Michel Voiturier est aussi critique d'art inconditionnel du contemporain (notamment
dans le magazine Flux News), chroniqueur littéraire accordant priorité
au style (Le Courrier de l'Escaut, Formules), performeur en poésie
improvisée sur scène (en complicité avec le compositeur Christian
Leroy), essayiste, homme de théâtre (auteur, comédien), novelliste et
enfin animateur en ateliers d'écriture (de l'alphabet aux mots-valises
via le langage comme moteur créatif). Michel Voiturier possède bien des
atouts qui lui permettent de faire entendre distinctement sa voix parmi
celles des plus nécessaires écrivains belges francophones.
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